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Neutralité carbone 2050 : définition et enjeux

PUBLIÉ LE : 31/08/2023 MIS À JOUR LE: 31/08/2023

La France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Un objectif qui, s’il reste abstrait pour la plupart d'entre nous, implique pourtant des choix et des changements de vie draconiens. Explications.

39,3 °C à Brest, 42,6 °C à Biscarosse, 40,5° à Paris... Le 18 et 19 juillet 2022, la France a enregistré des records de températures pour la saison. La preuve, s’il en était besoin, que le réchauffement climatique est une réalité.

Entre 1900 et 2019, les températures mondiales ont augmentées de 1,1° en moyenne. En France, c’est encore pire : entre la période 1961-1990 et aujourd’hui, elles ont connu une hausse de 1,8°. En cause, l’utilisation par l’Homme des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) qui produisent des gaz à effet de serre. Une fois libérés dans l’atmosphère, ces derniers agissent comme une couverture autour de la Terre et retiennent la chaleur du soleil. Conséquence : le climat ne cesse de se réchauffer, ce qui accentue considérablement les risques d’ouragans, de canicules, de montée des eaux ou encore d’épidémies.

Pour tenter d’y remédier, la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % et sa consommation d’énergies fossiles de 30% à l’horizon 2030. Avec la loi Énergie et Climat, adoptée en 2019, elle s’est même engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050.

Pour y parvenir, la loi prévoit que l’ensemble du parc immobilier français atteigne un niveau de performance énergétique conforme aux normes « bâtiment basse consommation » (BBC) à l'horizon 2050, grâce à la rénovation de 500 000 logements chaque année. Pour les moins avertis, un logement BBC est un bâtiment performant en termes de consommation énergétique, qui nécessite 50% d’énergie en moins par rapport à un bâtiment conforme à la réglementation thermique RT2005, mise en place en 2005. Pour cela, le bâtiment doit, entre autres facteurs, être pourvu d’une bonne isolation thermique, d’une bonne étanchéité et du système de chauffage performant et non énergivore.

Enfin, la loi Climat et résilience, promulguée le 22 août 2021, introduit la notion de « rénovation performante » dans le code de la construction et de l’habitation afin d’orienter les aides de l'État vers des rénovations plus efficaces. Elle crée également de nouvelles obligations de rénovation contre les passoires thermiques.

La neutralité carbone, c’est quoi ?

Le concept de neutralité carbone peut se résumer en une équation :

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) causées par l’homme moins la séquestration par celui-ci de GES dans des réservoirs naturels (végétation, sol, océan…) ou artificiels (via des technologies comme le captage direct du CO2 dans l’atmosphère ou son captage et stockage dans le sous-sol) égal zéro.

Une équation simple donc.... Mais qui représente un défi très compliqué, notamment parce que le chemin pour l’atteindre reste encore très flou, voire totalement inconnu, pour la plupart des décideurs et des citoyens.

Bon à savoir

Selon les experts du GIEC, un groupe d’experts intergouvernemental ayant pour mission d'examiner objectivement et régulièrement l’évolution du réchauffement climatique, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 est une condition sine qua non de la limitation du réchauffement climatique à +1,5°C.

Neutralité carbone : comment l’atteindre ?

On l’a vu plus haut, il est extrêmement difficile de savoir comment atteindre la neutralité carbone. Seule certitude, c’est l’affaire de tous : l’ADEME estime en effet qu’il est de la responsabilité de chaque État d’atteindre la neutralité carbone sur son territoire.

Concernant la France, l’établissement public a récemment publié un rapport nommé « Transition(s) 2050 » qui propose quatre scenarios « cohérents et contrastés » pour tenter d’atteindre la neutralité carbone. S’ils abordent toutes les thématiques (logement, nourriture, énergie, transports, etc.), nous n’aborderons ici que celle concernant spécifiquement le secteur de l’immobilier.

  • Scénario n°1 : « Génération Frugale »

Dans ce premier scénario, exit la petite maison à la campagne : tous les logements vacants et les résidences secondaires sont réquisitionnés pour devenir des résidences principales. Dans le même temps, le nombre de constructions neuves est drastiquement diminué et leur surface réduite de 30 %.

  • Scénario n°2 : « Coopérations territoriales »

Dans le deuxième scenario, « les transformations dans l’habitat sont de fait moins contraints que dans le scénario 1 mais marquent une rupture avec l’histoire récente » soulignent les auteurs du rapport. Le scenario est en effet basé sur une « économie du partage », avec une meilleure concentration entre acteurs publics, société civile et secteur privé.

Concrètement, l'habitat est densifié en hauteur, massivement rénové, et le partage de bâtiments se généralise. Les villes moyennes sont favorisées au détriment des grandes métropoles et petits villages.

  • Scénario n°3 : « Technologies vertes »

Le troisième scénario tranche avec les deux premiers en s’appuyant principalement sur le développement technologique plutôt que sur des changements de comportement, plus difficiles à mettre en œuvre.

Dans ce modèle, les logements sont massivement détruits puis reconstruits avec une augmentation de leur efficacité énergétique.

  • Scénario n°4 : « Le pari réparateur »

Ce scénario est jugé plus « risqué » par l’ADEME, notamment parce qu’il imagine que nous allons trouver toutes les solutions technologiques nous permettant de préserver notre mode de vie actuel, tout en parvenant à la neutralité carbone. Et donc le maintien des constructions neuves. Pour compenser toutes les émissions de GES produites par ce modèle, on a recours au captage et au stockage géologique de CO2 et à la biomasse. Et ce même si, comme le reconnaissent les auteurs du rapport, « bon nombre de ces technologies ne sont pas encore matures ».

  • Conclusion

Au final, et ce quel que soit le scénario, l’ADEME reconnaît qu’atteindre la neutralité carbone « repose sur des paris forts, aussi bien sur le plan humain que technologique ». Une certitude : « si la France continue comme aujourd'hui, en dépit des lois climat, la neutralité sera inatteignable. »

Pire : le 23 mai 2023, le gouvernement, à l’occasion du lancement d’une consultation publique sur le réchauffement climatique, annonçait désormais tabler sur un scénario à + 4°C d’ici à 2100. Un changement qui correspond « à la tendance probable en l’absence de mesures additionnelles ».

La rénovation énergétique, une des clefs pour atteindre la neutralité carbone

Les travaux d’amélioration de la performance des habitats sont au cœur de la réduction des consommations énergétiques. Et donc essentiels pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon Emmanuelle Wargon, l’ancienne ministre déléguée au Logement, les 660 000 dossiers d’aides engagés en 2021 permettront une économie d’énergie 3,5 TWh par an.

Dans le même temps, si la rénovation énergétique est souvent appréhendée sous le prisme de la réduction de la consommation d’énergie, elle constitue également un puissant levier de réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES). Un point d’autant plus important lorsque l’on sait que le secteur du bâtiment concentre à lui seul 25% des émissions de GES en France, soit 123 millions de tonnes de CO2.

Dans un récent rapport, l’ADEME a mis en exergue la réduction des émissions de carbone permise par les opérations bénéficiant des Certificats d’Économie d’Énergie, appelés CEE, qui obligent les vendeurs d'énergie (EDF, Engie, Total ou même certaines enseignes de la grande distribution) à pousser leurs clients à réaliser des économies d'énergie soit par le biais de travaux de rénovation énergétiques, soit en favorisant l'utilisation d'appareils plus économes.

Ainsi, entre 2015 et 2018, ces dispositifs auraient contribué à 43% des économies de GES observées et à 21% des objectifs généraux fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Pour le seul secteur résidentiel, le dispositif a contribué à 61 % des réductions de GES et à 35 % de l’objectif sectoriel de la SNBC. Depuis 2019, les changements d’1 million de systèmes de chauffage dans le cadre du coup de pouce CEE permettent d’éviter chaque année l’émission de près de 3 millions de tonnes de CO2. CQFD.

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