Changement d’heure : quel impact sur les économies d’énergie ?
Si le gain en énergie occasionné par le changement d’heure existe, il ne représente plus aujourd’hui que 0,07% de la consommation totale d'électricité en France. Explications.
Le changement d'heure a été instauré dans notre pays en 1975, à la suite du choc pétrolier de 1973-1974 et l'envolée des prix de l’or noir. Les pouvoirs publics en étaient alors convaincus : le passage à l’heure d’été permettrait de profiter de journées plus longues l'été et plus courtes l'hiver. Un excellent moyen de diminuer l'énergie consommée, notamment sur l'éclairage artificiel lorsque le soleil se couche.
Près de 50 ans plus tard, la donne a changé, essentiellement parce que les systèmes d’éclairage ont beaucoup évolué. Les ampoules LED – « Light Emitting Diode », « diode électroluminescente » en français –, qui équipent aujourd’hui la majeur des foyers français, ont une consommation d’électricité bien moindre que celle des ampoules à incandescence, des halogènes ou encore des lampes fluocompactes.
En parallèle, de nombreuses communes françaises, pour qui l'éclairage public représente à lui seul 37 % de leur facture d’électricité, ont opté pour des lampadaires à LED, qui consomment jusqu’à six fois moins que ceux équipés de lampes halogène. D’autres vont encore plus loin en utilisant des systèmes d’éclairage intelligents (détecteur de présence, éclairage autonome…), sources d’économies et de pollution lumineuse maitrisée.
Conséquences, si le gain en énergie occasionné par le changement d’heure a bien existé, il devient moindre au fil des années selon les chiffres du rapport de l’ADEME :
En 1996, l’économie de consommation en électricité lié au changement d’heure était estimée à 1200 Gwh (gigawatt-heure) par an
En 2009, ce gain d’énergie est passé à 441 Gwh par an
En 2016, nous n’étions plus qu’à 351 Gwh par an
Aujourd’hui, la diminution de notre consommation d’énergie n’est donc que faiblement impactée par le changement d’heure. On considère ainsi que ces dernières années, le gain ne représente que 0,07% de la consommation totale d’électricité en France. Ce qui correspond, pour notre pays, à 351 GWh/an, soit la consommation annuelle d’environ 70.000 foyers.
Quel lien entre changement d’heure et système de climatisation ?
Autre point d’attention soulevé par l’ADEME, les économies d’énergie susceptibles d’être genrées par le changement d’heure sur les usages thermiques, et notamment sur la climatisation. Selon l’organisme public, « à l’horizon 2030, des gains additionnels de 130 GWh électrique pourrait être atteints du fait du changement d’heure à condition que des systèmes de régulation automatique soient installés pour respecter des consignes de température (...) Considérant ces gains supplémentaires ainsi que ceux liés aux autres énergies de chauffage, les différents scénarii contrastés conduiraient en 2030 à une réduction globale des émissions de 70.000 à 100.000 tonnes de CO2 grâce au régime d’heure d’été ». Un gain énergétique relativement faible donc.
En Europe, bientôt la fin du changement d'heure ?
Lors d’une consultation citoyenne menée en 2019, plus de 83 % des Français se sont dits favorables à la fin du changement d’heure. Quant au choix de conserver l’heure d’été ou l’heure d’hiver, presque 60 % des répondants ont indiqué vouloir toujours rester à l’heure d’été.
La même année, la Commission européenne avait proposé de supprimer le changement d’heure. Une mesure rejetée par le Parlement européen en 2021, avant que la crise sanitaire renvoie la question aux calendes grecques. La guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie ne devrait pas non plus permettre à ce sujet de revenir prochainement sur la table...