Une maison qui produit autant d’énergie qu’elle en consomme, autrement dit une construction reposant sur le principe de la très basse consommation… Bienvenue dans le monde de la maison passive !
Le concept du bâtiment passif (ou maison passive) est on ne peut plus simple :
La chaleur dégagée à l’intérieur d’une construction par les habitants (vous, votre famille, vos amis, vos animaux domestiques…) ainsi que celle produite par les appareils électriques (comme une télévision, un ordinateur ou encore une cuisinière) + la chaleur apportée par l’extérieur (l’ensoleillement, des températures élevées etc.) = vos besoins en chauffage.
Autrement dit, une maison passive, c’est une maison qui n’a pas besoin de système de chauffage… Et qui n’implique donc pas les factures énergétiques qui vont habituellement avec !
Un concept en apparence simple… Mais très réglementé. En effet, pour qu’une maison soit considérée comme passive, elle doit obtenir une certification délivrée par le label EnerPhit.
Il s’agit d’un standard de performance énergétique spécifique aux rénovations lourdes de bâtiments existants, dérivé du label Passivhaus (ou maison passive en français).
Concrètement, le label Passivhaus s’applique surtout aux constructions neuves, où il est possible de respecter des critères très stricts (isolation, étanchéité à l’air, besoins énergétiques limités à 15 kWh/m²/an pour le chauffage).
Le label EnerPHit, lui, reconnaît que dans le cadre d’une rénovation énergétique, aussi ambitieuse soit-elle, il est souvent impossible d’atteindre ces seuils. Il propose donc des performances plus adaptées.
Dans le détail, pour que votre maison soit considérée comme « passive » :
Son besoin de chauffage doit être inférieur à 25 kWh d’énergie utile par m² et par an ;
Sa demande d’énergie primaire doit être inférieure à 120 kWh d’énergie utile par m²/an ;
Sa fréquence de surchauffe intérieure doit être inférieure à 10 % du temps au cours d’une année ;
La perméabilité à l’air de l’enveloppe doit être inférieure ou égale à 0,6 volume par heure.
Construction passive : l’addition de plusieurs conditions
Pour faire atteindre le niveau de maison passive à un bien, plusieurs conditions doivent être réunies.
À commencer par la plus évidente : doter la maison d’une bonne isolation thermique. Murs (selon l’ADEME, ils peuvent concentrer jusqu’à 20 % des déperditions thermiques d’un logement), toiture et combles (30 % des déperditions de chaleur), ponts thermiques (ces endroits, où l'isolation est moins importante que dans le reste d’un logement, sont responsables de 5 à 10 % des déperditions de chaleur) … Puisque la maison sera dépourvue de système de chauffage, tous ces éléments devront être parfaitement isolés pour que la chaleur soit conservée. Encore une fois, il est indispensable qu’une maison passive possède une bonne isolation !
Autre point d’attention, les menuiseries. Selon l’ADEME, elles représentent à elles seules 15 % des déperditions thermiques d’une maison ou d’un appartement. Il sera donc nécessaire de remplacer les vieilles fenêtres par de nouveaux modèles équipés de double voire de triple vitrage. Et pour optimiser les apports solaires, il est également possible d’augmenter la surface des ouvertures vers l’extérieur, en privilégiant par exemple de larges baies vitrées orientées plein sud. Cela permettra à la maison de bénéficier d’une lumière naturelle abondante tout au long de la journée.
À ne pas négliger également, la porte d’entrée. Souvent à l’origine de déperditions de chaleur, il conviendra qu’elle soit équipée d’un encadrement parfaitement isolant.
Bien entendu, pour les constructions neuves, une exposition choisie avec soin pour exploiter au mieux la chaleur du soleil sera à privilégier. Ainsi, la façade principale, celle qui accueille généralement le plus grand nombre de fenêtres, devra être orientée plein sud. Dans l’idéal, la façade nord ne devra quant à elle en posséder que de petites (et peu nombreuses) ouvertures.
Enfin, puisque tous ces aménagements feront que la maison sera quasiment étanche, elle devra être parfaitement ventilée. Pour ce faire, une seule solution : l’installation d’une ventilation double flux hygroréglable qui assurera un renouvellement de l’air en continu, chauffera votre logement, et régulera également le débit d’air en fonction du taux d’humidité constaté à un moment T dans votre intérieur.
Eau chaude sanitaire : place aux énergies renouvelables
Fini les anciens ballons d’eau chaude trop gourmands en énergie ! Dans une maison passive, il est indispensable de les remplacer par des solutions plus performantes et respectueuses de l’environnement. L’idéal est de se tourner vers des équipements alimentés par les énergies renouvelables, des systèmes permettant non seulement de réduire la consommation énergétique, mais aussi d’alléger la facture d’énergie.
Votre choix pourra se tourner soit vers :
Un chauffe-eau thermodynamique : son fonctionnement repose sur le principe de la pompe à chaleur aérothermique. Il capte les calories présentes dans l’air ambiant pour les convertir en énergie et chauffer l’eau du ballon. Lorsque la température extérieure devient trop basse, une résistance électrique intégrée assure la continuité de la production d’eau chaude ;
Le chauffe-eau solaire individuel : équipé de capteurs solaires thermiques qui absorbent l’énergie du soleil et la convertissent en chaleur. Cette chaleur est ensuite transmise par un fluide caloporteur qui circule dans des conduites jusqu’à un échangeur thermique situé dans un ballon de stockage. Le fluide y transfère ses calories à l’eau sanitaire avant de retourner, une fois refroidi, vers les capteurs pour être de nouveau réchauffé.
Pensez panneaux solaires et autoconsommation
Si vous avez franchi avec succès toutes les étapes précédemment évoquées, alors votre maison devrait bientôt pouvoir être considérée comme une maison passive.
Pour enfoncer le clou, une dernière possibilité s’offre à vous : produire vous-même votre électricité afin d’alimenter vos différents équipements (électroménager, télévision, box internet, etc.).
Pour ce faire, l’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur votre toit ou dans votre jardin est la meilleure des solutions.
Et n’oubliez pas : une installation photovoltaïque dont la puissance est inférieure à 500 kilowatts crêtes (kWc) peut, sous certaines conditions, bénéficier du dispositif d’obligation d’achat. Ce mécanisme impose à l’État, via EDF Obligation d’Achat (EDF OA) ou encore les entreprises locales de distribution (ELD), de racheter tout ou partie de l’électricité produite à un tarif encadré par arrêté. Par ailleurs, les installations destinées à l’autoconsommation dans un logement, dès lors qu’elles ne dépassent pas 100 kWc, ouvrent droit à une prime à l’investissement.
Maison passive : quelles démarches administratives ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un projet de maison passive ne nécessite pas d’autorisation spécifique. Les règles sont identiques à celles d’une maison traditionnelle (dépôt d’un permis de construire dès lors que la surface de plancher dépasse 20 m² ; recours obligatoire à un architecte si la surface de plancher excède 150 m² ; respect du plan local d’urbanisme (PLU) et des réglementations locales, etc.).
Il est toutefois recommandé de s’entourer de professionnels spécialisés, tant la conception technique d’un tel projet demande expertise et précision.
Maison passive : les points forts… Et les limites
Les atouts de la maison passive sont évidents : confort thermique, factures énergétiques réduites, valorisation du bien et contribution à la transition écologique. En contrepartie, le budget initial est souvent plus élevé, en raison des matériaux et des techniques employées. Mais ces surcoûts tendent à s’amortir sur le long terme grâce aux économies réalisées et à la durabilité de la construction.
