Selon la 19e édition du Baromètre Énergie-Info, publié par le Médiateur national de l’énergie fin octobre 2025, plus d’un tiers des Français peinent à payer leurs factures d’électricité ou de gaz. En cause, l’inflation, une sobriété énergétique plus « subie » que « choisie », mais aussi le retard de l’envoi du chèque énergie. Un constat qui illustre la fragilité croissante du pouvoir d’achat énergétique des ménages. Explications et pistes de réflexions pour vous aider à réduire le montant de vos factures énergétiques.
Un constat sans appel : selon le Baromètre Énergie-Info 2025(1), une étude menée par l'institut Becoming en septembre 2025 auprès de 2 000 foyers métropolitains, la crise énergétique s’installe durablement dans la vie des Français. Ainsi, 36 % des ménages interrogés – contre 28 % en 2024 – déclarent « rencontrer des difficultés pour payer leurs factures de gaz ou d’électricité ». Soit le taux le plus élevé depuis la création du baromètre il y a quinze ans.
Concernant les profils les plus concernés par la précarité énergétique, les auteurs de l’étude précisent qu’il s’agit de « familles, de jeunes ou de foyers avec un seul revenu (…) qui, bien souvent, habitent dans des passoires thermiques ».
La facture énergétique au cœur des préoccupations des Français
Le baromètre souligne également que 87 % des ménages considèrent leur facture d’énergie comme un sujet « important » ou « très important ».
Dans le même temps, 85 % des sondés reconnaissent qu’elle pèse lourdement sur le budget de leur foyer, un niveau quasi inchangé depuis la flambée des prix de 2022 consécutive à la crise énergétique provoquée par le début de la guerre en Ukraine.
Et malgré un retour relatif à la stabilité des tarifs au printemps 2025, les effets de l’inflation énergétique et du coût de la vie « restent bien présents dans les esprits » assurent les auteurs de l’étude. Et de préciser : « la facture d’énergie n’est plus seulement un poste de dépense : c’est devenu un marqueur social ».
Une sobriété énergétique plus « subie » que « choisie »
Parce que la vulnérabilité énergétique touche désormais toutes les classes sociales, pour beaucoup, la seule solution a consisté à réduire drastiquement la consommation d’énergie. Ainsi, près des trois quarts des sondés (74 %) disent avoir volontairement limité leur chauffage l’hiver dernier, non par « conviction écologique », mais par « contrainte économique ».
Cette sobriété davantage « subie » que « choisie » n’est pas sans conséquence : 35 % des ménages – contre 30 % en 2024 et 14 % en 2020 – déclarent « avoir eu froid chez eux » au moins vingt-quatre heures pendant l’hiver 2024-2025.
Le chèque énergie, un retard qui pèse lourd
Si le chèque énergie demeure un outil essentiel, son versement tardif – reporté à novembre 2025 pour 3,8 millions de foyers – a accentué la tension : 61 % des bénéficiaires estiment que ce décalage les a pénalisés, tandis que 10 % déclarent avoir subi une coupure ou une réduction d’alimentation électrique.
Face à cette situation, le médiateur national de l’énergie a renouvelé son appel à « une interdiction totale des coupures d’électricité pour impayés » et a plaidé pour « la mise en place d’un droit à une alimentation électrique minimale tout au long de l’année ». Actuellement, cette protection n’est garantie que durant la trêve hivernale, du 1er novembre au 31 mars. En 2024, près de 1,2 million de foyers ont subi des restrictions de fourniture.
Précarité énergétique : l’isolation, LA solution pour alléger vos factures
Améliorer l’isolation thermique de votre logement reste la première étape pour réduire durablement vos dépenses d’énergie. C’est l’investissement le plus rentable et le plus durable sur le long terme.
Les zones à traiter en priorité sont les suivantes :
- La toiture et les combles : responsables d’environ 30 % des déperditions thermiques, ils constituent la priorité absolue. Les isoler vous permettra d’abaisser significativement votre consommation énergétique. Et donc de réduire vos factures d’énergie ;
- Les murs : qu’ils soient isolés par l’intérieur ou par l’extérieur, leur isolation offre un gain énergétique d’environ 30 %. Une opération rentable à long terme, qui améliorera aussi le confort acoustique de votre logement ;
- Les planchers bas : souvent oubliés, les sols peuvent laisser filer près de 10 % de la chaleur. Leur isolation limite les sensations de froid et contribue à un meilleur équilibre thermique ;
- Les ouvertures (portes et fenêtres) : le remplacement d’un simple vitrage par du double ou triple vitrage permet de réduire jusqu’à 15 % des pertes et d’améliorer le confort global de l’habitat.
Lutter contre la précarité énergétique en misant sur les énergies renouvelables
Solaire, éolien, géothermie, biomasse ou méthanisation… Les énergies renouvelables offrent une alternative durable aux énergies fossiles que sont le gaz, le charbon et le pétrole. Inépuisables et peu polluantes, elles permettent de réduire votre facture énergétique tout en limitant l’empreinte carbone de votre foyer.
Parmi les solutions existantes :
- Le chauffe-eau solaire : alimenté par des panneaux photovoltaïques, il couvre une grande partie des besoins en eau chaude, avec jusqu’à 60 %(2) d’économie par rapport à un système classique ;
- La chaudière biomasse : fonctionnant aux granulés, bûches ou plaquettes, elle peut faire baisser la facture de 30 à 60 %(3) par rapport au fioul ou au gaz ;
- La pompe à chaleur (PAC) : qu’elle soit aérothermique ou géothermique, elle capte les calories présentes dans l’air, le sol ou l’eau. Certains modèles réversibles assurent aussi la climatisation estivale. Les économies peuvent atteindre 60 %(4) ;
- Les panneaux photovoltaïques : produire son électricité permet de réduire la facture de 30 à 60 % selon la puissance installée et les habitudes de consommation.
En outre, un logement autonome sur le plan énergétique est perçu comme moderne, responsable et durable, un atout certain lors d’une vente.
Lutte contre la précarité énergétique : comparez et changez de fournisseur
Vingt ans après l’ouverture du marché à la concurrence, la plupart des Français savent qu’ils peuvent changer de fournisseur d’énergie facilement. Pourtant, la mobilité reste faible, souvent par crainte de démarches compliquées ou d’économies incertaines.
Pourtant, les offres des fournisseurs alternatifs sont fréquemment moins chères que le tarif réglementé et peuvent inclure des remises ou réductions pour le relevé manuel du compteur.
Changer de fournisseur est simple, sans coupure et peut entraîner des économies rapides sur les factures d’électricité ou de gaz.
Écogestes, équipements économes : des leviers efficaces contre la précarité énergétique
Baisser le chauffage d’un degré (ce qui vous permettra de réaliser jusqu’à 7 % d’économie sur vos factures), éteindre les appareils en veille, lancer les lessives en heures creuses ou dégivrer régulièrement votre congélateur… Autant de petits gestes simples qui, effectués chaque jour, peuvent faire une vraie différence, jusqu’à 15 % d’économie annuelle selon l’ADEME.
En parallèle, investir dans des équipements affichant une étiquette énergie A, A+ ou A++ vous permettra de consommer jusqu’à 40 % de moins. Dans le même temps, l’installation d’un thermostat programmable ou d’objets connectés vous permettra également d’ajuster le chauffage pièce par pièce. Ce qui vous évitera de surconsommer. Et donc de réduire votre facture énergétique… Ou celle de vos locataires si vous êtes propriétaire bailleur : depuis la réforme du DPE (Diagnostic de performance énergétique) en 2021, la classe énergétique d’un logement influence directement sa valeur patrimoniale.
Autrement dit, un bien isolé et économe se vend plus vite et plus cher, tandis qu’un logement classé F ou G perd de l’attractivité. La rénovation énergétique constitue donc un investissement rentable pour préserver la valeur de votre patrimoine.
