Heures creuses, heures pleines : le système devrait être modifié

Lorsque vous souscrivez un contrat d’électricité auprès d’un fournisseur d’énergie, vous avez le choix entre plusieurs options. Parmi elles, deux principales :

• L'offre « base ». En souscrivant cette option, vous paierez le kilowattheure (kWh) au même prix, et ce quel que soit le moment du jour ou de la nuit pendant lequel vous utiliserez vos appareils électriques ;
• L'offre « heures pleines/heures creuses » (HPHC). En faisant ce choix, le prix du kWh variera en fonction de divers facteurs comme le moment où vous utiliserez vos appareils électriques, mais aussi en fonction de la demande d’électricité de l’ensemble des Français. Ainsi, il vous en coûtera plus cher aux moments de forte consommation – les « heures pleines » – et moins cher pendant les heures dites « creuses », souvent la nuit.

À l’origine, l’option « HPHC » a été créée pour pousser les consommateurs à faire fonctionner leurs appareils les plus gourmands en énergie – comme le four, le chauffe-eau, les plaques de cuisson ou encore les radiateurs électriques – pendant les heures « creuses ». Avec, à la clé, une réduction du montant de leurs factures énergétiques, mais aussi (et surtout) la possibilité d’abaisser la consommation globale du pays lors des pics de consommation. Ce qui n’est pas sans intérêt : pendant ces périodes, pour équilibrer le réseau, les autorités sont parfois obligées de mettre en route des centrales dites de pointe. Le problème, c’est que la plupart d’entre elles, parce qu’elles fonctionnent au charbon ou au fioul, sont particulièrement polluantes.

Enfin, parce que le système des heures creuses a pour conséquence de lisser la consommation nationale sur la journée, cela permettait de réduire les rejets de CO2 dans l’atmosphère. Une donnée non négligeable lorsque l’on sait que la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % et sa consommation d’énergies fossiles de 30 % à l’horizon 2030.

Pourquoi l’offre « heures creuses/heures pleines » va sans doute être modifiée ?

Le système « heures pleines / heures creuses » (HPHC) existe depuis maintenant 65 ans. Entre-temps, la production d’énergie renouvelable, particulièrement le photovoltaïque (l’énergie solaire a été à l’origine de la production de 21,6 TWh ⁽¹⁾ d’électricité en 2023 contre 18,6 TWh en 2022⁽²⁾ ) a progressivement permis aux Français de bénéficier d’une électricité bon marché la journée lorsque le soleil est à son zénith. Or, avec le système des heures creuses en soirée, le système HPHC n’est plus en phase avec la réalité. Voilà pourquoi la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a récemment affiché son souhait de « moderniser » la répartition des heures creuses en lançant une consultation publique. Le but : « Inciter à décaler les habitudes de consommation vers les périodes où l’énergie est abondante et moins coûteuse ».

En octobre 2024, le gendarme de l'énergie a fini par annoncer vouloir généraliser « progressivement » les heures creuses durant les après-midis d’été à compter du mois d’août 2025. Un processus qui ne se fera pas en un jour, mais en 2 ans. Selon le CRE, cela permettrait à 85 % des clients ayant opté pour l’option « HPHC » de payer moins cher leur électricité une fois midi passé.

Un bouleversement qui concernera des millions de foyers (à elle seule, EDF compte plus de 9,3 millions de clients ayant opté pour les heures pleines - heures creuses). Voilà pourquoi, pour les aider à changer leurs habitudes, la CRE explique que « les fournisseurs (devront) accompagner leurs clients. L’idée n’est pas de faire le grand soir mais d’avoir un retour d’expérience au fur et à mesure ». Sans compter que légalement, pour modifier les heures creuses d’un contrat, le délai de prévenance à la charge des fournisseurs est au minimum de 6 mois.

Dans la majorité des cas, un contrat « HPHC » sera plus intéressant financièrement que l'option « Base » à condition que vous utilisiez l’électricité pour alimenter votre système de chauffage et la production de votre eau chaude, mais aussi que votre ballon d'eau chaude soit programmable pour fonctionner en heures creuses. Autre impératif, utiliser vos appareils électriques les plus énergivores (lave-linge, lave-vaisselle, four, plaques de cuisson…) durant les heures creuses.

Heures pleines, heures creuses… Comment savoir si cette option est intéressante pour moi ?

Pour en avoir le cœur net, il peut être judicieux de vous rendre sur le site du Médiateur national de l'Énergie où vous trouverez un simulateur qui vous permettra de savoir, en fonction de vos usages, quelle offre (« Base » ou « HPHC ») privilégier. Par exemple, une famille de quatre personnes vivant dans un appartement chauffé électriquement et dont la consommation annuelle est de 10 000 kWh par an, devra reporter 48 % de sa consommation en heures creuses pour que l'offre HPHC soit réellement intéressante.