MaPrimeRénov’ évolue. Objectif du gouvernement : accélérer les rénovations énergétiques des logements, en particulier les rénovations d’ampleur qui ciblent notamment les passoires thermiques (logements classés F ou G). On fait le point.
Depuis son lancement en 2020, le dispositif MaPrimeRénov' a permis d'aider plus de 2 millions de Français à se lancer dans un projet de travaux de rénovation énergétique, dont 210 235 rénovations globales[1].
Pour rappel, le secteur du logement – qui représente 45 % de la consommation annuelle d’énergie dans l’hexagone, ce qui le place en 1ère position, loin devant celui des transports (32 %) – concentre à lui seul 23 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Hexagone, ce qui équivaut à 123 millions de tonnes de CO2.
La rénovation énergétique des bâtiments constitue donc l’un des principaux leviers pour atteindre les objectifs fixés par la loi de transition énergétique pour une croissance verte, à savoir diminuer de 40 % les émissions de gaz à effet de serre de la France ET réduire de 30 % sa consommation d’énergies fossiles, le tout à l’horizon 2030.
Pour y parvenir, la loi de finances, adoptée le 6 février 2025, a alloué au dispositif MaPrimeRénov’ un budget de 3,4 milliards d’euros (2,1 milliards d’euros de fonds publics et 1,3 milliard provenant de la trésorerie de l’ANAHnah et des certificats d’économies d’énergie). Pour rappel, depuis le 1er janvier 2024, les aides « Ma Prime Rénov » sont structurées en deux nouveaux parcours de rénovation :
Le parcours accompagné « Rénovation d’ampleur » qui, comme son nom l’indique, vise les rénovations qui permettent de réaliser un saut de deux classes minima sur le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) avec au moins 2 gestes d'isolations thermiques, et qui doit être accompagné par un « Accompagnateur Rénov ».
Le parcours « Rénovation par geste » pour les mono gestes. Il est accessible aux ménages avec des revenus très modestes (TMO), modestes (MO) et intermédiaires (INT).
Le parcours accompagné pour les rénovations d’ampleur
Le « parcours accompagné pour les rénovations d’ampleur » remplace « Ma Prime Rénov Sérénité » et le forfait Ma Prime Rénov « rénovation globale ». Il s’adresse aux ménages (sans conditions de ressources) souhaitant s’engager dans des travaux de rénovation d’ampleur. Autrement dit, des travaux de rénovation améliorant de manière significative l’efficacité énergétique de leur logement (avec un gain minimal de 2 classes sur son Diagnostic de performance énergétique - DPE) et impliquant au moins 2 gestes d'isolations thermiques, le traitement de la ventilation et, le cas échéant, le remplacement du système de chauffage s’il fonctionne au fioul.
Notez que le logement où sont prévus les travaux de rénovation, pour être éligible au « parcours accompagné pour les rénovations d’ampleur », doit être construit depuis au moins 15 ans et occupé à titre de résidence principale (c’est-à-dire occupé au moins 8 mois par an).
Les propriétaires bailleurs doivent attester sur l’honneur qu’ils s’engagent à louer leur logement en tant que résidence principale pendant une période minimale de 6 ans, et ce, dans un délai maximum d’un an à compter de la date de la demande de versement du solde de la prime. À ce jour, cette règle s’applique uniquement aux bailleurs à revenus intermédiaires et supérieurs, mais elle sera prochainement élargie aux bailleurs aux revenus modestes et très modestes.
Si le propriétaire met fin à la location avant la fin des 6 ans, il sera tenu de restituer une partie de l’aide, calculée à raison d’un sixième du montant total pour chaque année manquante. De plus, s’il envisage d’augmenter le loyer, il devra impérativement retrancher du coût des travaux le montant de l’aide obtenue.
L'obligation de faire appel à un Accompagnateur Rénov'
Afin que les ménages soient bien orientés dans leur projet de rénovation, ces derniers devront obligatoirement faire appel à un « Accompagnateur Rénov’ ». Agréé par l’État, un « Accompagnateur Rénov’ » est un professionnel de confiance qui, dans le cadre de la rénovation énergétique de votre habitat, a pour mission de vous conseiller sur la nature des travaux à réaliser, de vous orienter vers des professionnels RGE (« Reconnu Garant de l’Environnement ») et de vous détailler et expliquer les aides auxquelles vous avez droit.
Une prestation payante (entre 1 500 € et 2 000 €) qui sera prise en charge à 100 % pour les ménages aux revenus très modestes, 80 % pour les revenus modestes, 40 % pour les revenus intermédiaires et 20 % pour les revenus supérieurs, dans la limite d’un plafond de 2 000 € qui pourra atteindre 4 000 € dans les situations spécifiques de traitement de l’habitat indigne et de la précarité énergétique pour les ménages aux revenus les plus modestes.
Si une prestation plus importante est nécessaire pour traiter en plus une situation de lutte contre l’habitat indigne, le plafond de financement peut monter jusqu’à 4 000 €.
Le financement des travaux
Concernant le financement des travaux, les ménages pourront se voir rembourser jusqu’à 70 000 € (contre 35 000 € auparavant) dans le cadre de travaux de rénovation globale. En outre, notez que les travaux permettant d’améliorer le confort d’été sont désormais éligibles. Ainsi, l’installation de pompes à chaleur (y compris air/air réversibles) permettant de rafraîchir l’air, les brasseurs d’air et des solutions passives telles que les protections solaires de parois vitrées sont finançables avec Ma Prime Rénov.
Enfin, pour plus de simplicité, les ménages désireux d’entreprendre une rénovation d’ampleur n’ont désormais plus qu’un seul dossier d’aide à déposer auprès de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH). Le cas échéant, cette dernière se chargera de demander les certificats d’économies d’énergie (CEE) puis les intégrera dans le montant global du dispositif « Ma Prime Rénov ».
Pour vous aider à y voir plus clair, rendez-vous sur notre simulateur des aides disponibles.
Le parcours non accompagné pour les mono gestes
Le « parcours non accompagné pour les mono gestes » finance avec un forfait (dont le montant varie en fonction de la catégorie de revenus des ménages) les gestes d’isolation thermique ou l’installation d’un système de chauffage ou d’eau chaude sanitaire décarboné. Le logement où sont prévus les travaux doit être construit depuis au moins 15 ans (2 ans en Outre-mer).
Bon à savoir !
La réalisation d’un geste de ventilation est conditionnée à la réalisation de travaux d’isolation thermique.
MaPrimeRénov’ pour une rénovation par geste permet de réaliser un ou plusieurs de ces travaux :
Travaux d’isolation (murs, toit ou menuiseries) et ventilation ;
Installation d’un chauffage écologique et économe ;
Installation d’un chauffe-eau écologique et économe.
Elle est accessible à tous les propriétaires (occupants et bailleurs) avec des revenus très modestes, modestes et intermédiaires.
Attention : le logement où sont prévus les travaux de rénovation doit être occupé à titre de résidence principale (autrement dit, occupé au moins 8 mois par an). Pour éviter les fraudes, des contrôles pourront être effectués dans un délai d’un an à compter de la date de la demande de la prime.
Concernant les propriétaires bailleurs, ils doivent s’engager sur l’honneur à louer leur bien en tant que résidence principale sur une durée d’au moins 6 ans et dans un délai d’un an suivant la date de demande de paiement du solde de la prime. Notez que ce délai d’un an s’applique actuellement aux bailleurs ayant des revenus intermédiaires ou élevés, et sera bientôt étendu aux bailleurs aux revenus modestes et très modestes.
Dans le cas où un propriétaire cesserait de louer son bien avant cette durée de 6 ans, il devra rembourser une partie de l’aide perçue (1/6 de son montant pour chaque année non louée). Et dans l’éventualité où il déciderait de réviser le loyer de son (ses) locataire(s) à la hausse, il devra s’engager à déduire le montant de l’aide du montant des travaux.
MaPrimeRénov' Parcours par geste : quel montant ?
Le montant de la prime est calculé en fonction des revenus du foyer.
Pour vous aider à vous faire une idée plus précise, rendez-vous sur notre simulateur dédié aux aides.
Bon à savoir !
À partir du 1er janvier 2026, il deviendra obligatoire de fournir un DPE ou un audit énergétique avant toute demande d’aide ou démarrage de travaux, et ce pour justifier que le logement n'est pas une passoire énergétique. À défaut, il sera exclu de ce parcours.
Ma prime Rénov' Copropriété
Afin de favoriser le développement des projets de rénovation énergétique, le gouvernement a lancé en 2021 une aide dédiée aux copropriétés : MaPrimeRénov’Copropriété. Destinée aux syndicats de copropriétaires, cette subvention vise à soutenir les travaux de rénovation globale, avec pour objectif d’atteindre un minimum de 35 % d’amélioration des performances énergétiques après intervention.
MaPrimeRénov’Copropriété finance les travaux réalisés sur les parties communes (toiture, façade, chauffage collectif…) ou sur certains équipements privés à usage commun. Ces travaux doivent être décidés par tous les copropriétaires lors d’une assemblée générale.
C’est le syndic qui fait la demande au nom de tous les copropriétaires. La prime est ensuite versée à la copropriété et partagé entre les copropriétaires en fonction des tantièmes.
Le montant de l’aide dépend du coût des travaux, de la taille de la copropriété et du nombre de logements. Elle peut couvrir entre 30 % et 45 % des travaux, avec une limite de 25 000 € de travaux par logement.
Il est obligatoire d’avoir recours à un opérateur d'assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO), un professionnel qui accompagnera la copropriété tout au long de la rénovation énergétique. L'AMO est financée par l’ANAHnah à hauteur de 50 % dans la limite de :
600 € par logement pour les grandes copropriétés (plus de 20 logements) ;
1 000 € par logement pour les petites copropriétés (20 logements ou moins) ;
Avec un minimum de 3 000 € d’aide par copropriété.
Enfin, notez que pour bénéficier de l’aide MaPrimeRénov’ Copropriété, une copropriété doit avoir au moins 75 % (ou 65 % pour les petites copropriétés) des logements occupés comme résidence principale, avoir été construite il y a au moins 15 ans et être inscrite au registre national des copropriétés.
Quid du montant de Ma Prime Rénov Copropriété ?
MaPrimeRénov’ Copropriété finance de 30 % à 45 % du montant des travaux selon l’ambition de la rénovation énergétique :
30 % pour une rénovation permettant un gain énergétique d’au moins 35 % ;
45 % pour une rénovation énergétique permettant un gain énergétique d’au moins 50 %.
L’aide est plafonnée à un montant de travaux de 25 000 € par logement.
Les copropriétaires dont les revenus sont modestes ou très modestes peuvent bénéficier d’une aide financière complémentaire, fixée à 1 500 € pour les premiers et à 3 000 € pour les seconds.
De plus, un bonus de 10 % ainsi que des primes individuelles sont accordés si les travaux permettent de sortir le logement du statut de « passoire énergétique », c’est-à-dire lorsque le bien était classé F ou G sur le diagnostic de performance énergétique (DPE) avant les travaux.
Quid de ma MaPrimeAdapt’ ?
En 2050, 35 % des Français auront plus de soixante ans[2]. Un vieillissement de la population qui pose de nombreux défis en matière de politiques de santé, de solidarité mais aussi de logement.
Depuis le 1er janvier 2024, une nouvelle aide baptisée « MaPrimeAdapt’ », fusion des aides précédentes de l’ANAH, de la CNAV et le crédit d’impôt « autonomie », est donc proposée aux locataires et propriétaires occupants du parc privé, sous condition de ressources, à partir de 60 ans, ainsi qu’aux personnes en situation de handicap quel que soit leur âge.
Les travaux d’adaptation financés par « MaPrimeAdapt’ » concernent par exemple le remplacement de la baignoire par une douche de plain-pied, l’installation d’un monte-escalier électrique, la pose de mains courantes, l’élargissement des portes, l’adaptation des revêtements ou encore l’accès direct au logement. Les travaux s’adaptent en fonction des besoins spécifiques qui seront préconisés dans le diagnostic logement autonomie.
« MaPrimeAdapt’ » pourra financer les travaux d’adaptation jusqu’à 70 % de 22 000 €.
Condition sine qua non pour en bénéficier : faire appel à un accompagnateur AMO (Assistant à maîtrise d'ouvrage) pour vous aider à définir votre projet de travaux et vous accompagner dans sa réalisation.
Avec « MaPrimeAdapt’ », l’objectif du Gouvernement est d’adapter 680 000 logements dans les 10 prochaines années.
Quid de « Ma Prime Logement Décent » ?
Disponible depuis le 1er janvier 2024, « Ma Prime Logement Décent » permet de bien mieux financer les travaux lourds pour remettre en état les logements indignes très dégradé (ceux faisant l’objet d’un arrêté de salubrité ou de péril). Selon les pouvoirs publics, entre 400 000 et 420 000 logements du parc privé sont estimés potentiellement insalubres en métropole, plus 100 000 autres en outre-mer[3].
Cette aide unique, qui fusionne les aides « Habiter Sain » et « Habiter Serein de l’ANAH », prend en charge des travaux d’ampleur allant jusqu’à 70 000 € hors taxes à 60 % pour les ménages aux revenus modestes et à 80 % pour ceux très modestes. La prime versée s’élève donc au maximum à respectivement 42 000 € et 56 000 €.
Notez que si, après travaux, le bien est sorti du statut de passoire thermique (classé F ou G sur le DPE), le propriétaire bénéficiera d’une revalorisation de la prime de 10 %, ce qui portera le financement à 70 % pour les foyers modestes et 90 % pour ceux très modestes.
Bon à savoir !
« Ma Prime Logement Décent » peut être cumulée avec les aides locales et les aides à l’adaptation à la perte d’autonomie.
[1] Source : France Rénov, octobre 2023
[2] Source : Insee, La population de la France Métropolitaine en 2050.
[3] Source : Capital, 23/10/2023